Tuesday, 25 December 2012

Trintignant, l'homme qui s'enivre de poésie

Vous étiez tout de même un séducteur…
Oh non ! J'étais plutôt une victime. Une victime des femmes. J'ai toujours eu des amours malheureuses. J'ai aimé plus qu'on ne m'a aimé.
 
Je bois toujours du vin. Je suis même un peu alcoolo ! Le vin, ça m'a aidé à vaincre ma timidité, ça m'a désinhibé dans ma jeunesse. L'ivresse est souvent meilleure que la lucidité.
 
Alors, pour répondre à votre question, je suis plutôt un jouisseur dans la vie. De là la citation de Prévert que j'ai sortie à Cannes. « Et si on essayait d'être heureux, ne serait-ce que pour donner l'exemple ? » Franchement, on a tous nos petits problèmes. Evitons de sombrer dans un esprit de catastrophisme.
 
Parmi tous vos films, quels sont ceux qui vous tiennent le plus à cœur ?
Le Conformiste, de Bernardo ­Bertolucci, Ma nuit chez Maud, d'Eric Rohmer et… Amour. J'aime beaucoup l'ambiguïté du Conformiste. Avec Bertolucci, on s'entendait bien. Pour Ma nuit chez Maud, je me suis d'abord dérobé, je trouvais le personnage très janséniste, trop loin de moi. Mais Rohmer m'a convaincu en disant que cela n'avait aucune importance. Il était atypique, Rohmer, il venait de l'enseignement. Selon lui, il ne fallait pas nécessairement beaucoup d'argent pour tourner et sur ce point il avait raison. Quel gâchis d'argent lorsqu'on y songe, le cinéma ! Vous savez que dans le budget de certains films hollywoodiens, la dépense seule de la promo dépasse celle de la production du film ?
 
Qu'espérez-vous maintenant ?
La mort. Je n'ai pas vraiment d'autre ambition. Je vais essayer de la réussir. Ne pas finir sous perfusion, dans un hôpital, mais mourir en bonne santé. En cela, je suis suicidaire. Si un moment, c'est irréversible, ce n'est pas la peine d'attendre… Ce serait dégradant.
 
 
Uma entrevista poética com um actor que se embebeda com Vian e Prevert e que fala como um poeta e como um filósofo. A beleza em forma de entrevista aqui.

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