Friday, 5 August 2011

Christophe Honoré ou quelques raisons pourquoi je l'adore

Eu sei que é grande a entrevista, mas vale muito a pena ler para qualquer verdadeiro cinéfilo. É que é verdade que ele diz exactamente o que eu penso...

Vous aviez tourné La Belle Personne, adaptation de La Princesse de Clèves, en réaction à un discours de Nicolas Sarkozy. Comment s'articule votre engagement avec le cinéma de cinéphile que vous revendiquez ?
Je fais partie des cinéastes qui filment parce qu'ils ont vu les films des autres. Je ne suis pas devenu réalisateur parce que j'avais quelque chose à dire, mais pour prolonger mes rêveries d'adolescent sur le cinéma. Il me semble toutefois que Non ma fille... et Les Bien-aimés témoignent, indirectement, de l'état d'une société française qui est non pas dans l'élan, mais dans le déclin. Se référer à Jacques Demy ou à François Truffaut n'empêche pas de parler du monde, au contraire. Seule la mise en scène peut révéler un sens et une vérité. Pour le reste, n'importe qui peut produire des images chocs qui reflètent immédiatement l'époque, en utilisant sa caméra comme une caméra de surveillance.


Quelle place ont tenue les acteurs dans votre désir de cinéma ?
Centrale. Les grandes périodes du cinéma français correspondent toujours à l'émergence d'une nouvelle génération d'acteurs, presque d'une troupe. La Nouvelle Vague, c'est Godard et Truffaut, mais aussi l'apparition de Piccoli, Belmondo, Léaud, de Bernadette Laffont et Marie-France Pisier... Mon attachement à ces films tient beaucoup à eux. En leur temps, les Depardieu-Dewaere-Miou-Miou ont aussi secoué tout le cinéma et ringardisé leurs aînés. Et dans les années 1990, la troupe d'acteurs de Desplechin, Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric en tête. Mais c'est la dernière vague notable à ce jour. Peut-être est-ce un indice sur la relative faiblesse du cinéma français contemporain.


Que répondez vous à ceux qui voient en vous la quintessence du cinéaste parisien bobo ?
C'est un malentendu, une injustice. Il n'y a pas plus provincial que moi. J'ai grandi dans une petite ville bretonne, Rostrenen. Je ne me suis installé à Paris qu'à l'âge de 24 ans. Aujourd'hui, je me sens toujours autant « cousine de province ». On ne me voit jamais dans une boîte de nuit ou à une avant-première. Je n'ai pas cette culture. Le style parisien de Dans Paris ou des Chansons d'amour tient justement au fait que je n'ai aucun souvenir personnel de la ville. Ce ne sont que des souvenirs de films, qui me rendent ces lieux désirables et faciles d'accès. Au contraire, quand je suis retourné dans ma Bretagne pour tourner Non ma fille, tu n'iras pas danser, j'ai eu d'énormes difficultés à filmer les lieux de mon enfance. J'avais l'impression que c'était fabriqué, que ça sonnait faux.


Vous alternez depuis des années cinéma, littérature et théâtre. Quelle était votre envie originelle ?
J'ai commencé à dire que je voulais devenir cinéaste au lycée, après que mon père s'est tué dans un accident de voiture. Quelques semaines auparavant, pour ma rentrée en seconde, j'étais devenu interne à Saint-Brieuc, autant dire New York, vu l'endroit d'où je venais ! Je m'étais mis alors à sécher les cours pour voir des films seul - le premier était Police, de Maurice Pialat. Quand j'ai été rapatrié à Rostrenen, après la mort de mon père, ce petit mois et demi passé au loin et le fait d'être orphelin m'ont donné un peu d'avance, et une espèce d'aura auprès de mes copains de lycée. J'ai affirmé que j'allais être cinéaste, ce qui m'a sans doute aidé à le devenir...


Comment cela s'est-il concrétisé ?
Ma mère disait qu'il ne fallait pas trop me contrarier parce que mon père était mort, mais elle voulait toujours que je fasse maths sup... Je me suis inscrit en lettres modernes à Rennes, où j'ai surtout vécu en cinéphile. Je suis arrivé à Paris en septembre 1994 pour devenir cinéaste, donc. Or je n'avais absolument aucune piste. J'ai eu l'idée d'écrire, plutôt qu'un scénario, un livre jeunesse - mes étés à animer des centres aérés m'avaient donné quelques notions -, Tout contre Léo, que L'Ecole des loisirs a publié... Au même moment, j'ai intégré l'équipe du festival d'Angers en tant que stagiaire, puis comme sélectionneur. Envoyé à Cannes à ce titre, j'ai tenu un journal de bord, dont le personnage principal était Roland Cassard [personnage des Parapluies de Cherbourg, ndlr]. J'ai proposé ce texte aux Cahiers du cinéma, qui m'ont confié une tribune régulière. Au bout d'une année, j'avais donc un pied dans l'édition et un autre aux Cahiers ! Or le cinéma français a cette force - cette faiblesse, diront certains : quand on se débrouille à l'écrit, on peut réaliser son premier film... Ce qui, rétrospectivement, me semble hasardeux, improbable, voire impossible, est ainsi devenu vrai.

O resto da entrevista aqui.

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